Comment conseiller un propriétaire dans sa stratégie d'isolation ?

Les outils de simulations se focalisent sur les performances thermiques dans les préconisations de travaux mais n’apportent généralement pas d’aide au choix dans la stratégie d’isolation. Le phasage des travaux qui reste très important pour la mise en œuvre et la performance finale réelle.

# Particularité et diversité des logements existants : qu'est ce qui les distingue ?

La principale difficulté dans la définition d’une stratégie d’isolation vient de la diversité des situations et des architectures possibles des logements existants. Le bâtiment peut avoir subi des phases de rénovation plus ou moins complètes ou des extensions au cours du temps. Les principales distinctions entre logements viennent de :

  • La configuration architecturale et la multiplication des types de paroi : plusieurs planchers hauts (combles perdus + combles aménagés), plusieurs planchers bas (vide sanitaire + sous-sol), ... Chaque paroi peut alors nécessiter une solution technique particulière. Par exemple, des combles perdus ne seront pas isolés avec les mêmes solutions que des combles aménagés.
  • Le type de gros œuvre des parois : plusieurs types de murs extérieurs (parpaing + pierre locale), plusieurs types de plancher bas (bois + béton), …
  • Les dimensions du logement en général et des parois en particulier
  • La localisation : zone urbaine, rurale, secteur protégé,...

Les combinaisons de ces variations possibles conduit à une grande diversité de situations et rend particulièrement complexe la mise en place d’une stratégie standardisée. Toutefois, les objectifs de tendre vers un parc de logements basse consommation (« compatible BBC ») définissent un cap global à suivre.

Dans CAP RENOV+, vous pouvez saisir différentes formes d’un logement, différents types de parois (2 types de murs, 2 types de sols et 2 types de combles) mais aussi des contraintes particulières comme par exemple des contraintes de mitoyennetés et des masques solaires liés à l’environnement proche.

# Les contraintes du logement existant

# Adaptation des matériaux au bâti

Isoler une paroi n’est pas un acte anodin dans un logement : l’isolant rapporté va modifier les transmissions thermiques (et c’est bien le but !), mais aussi les transmissions de vapeur d’eau et des sons à travers la paroi. La migration de vapeur d’eau est le point le plus important à considérer quand on veut isoler une paroi. Il faut absolument respecter les règles de transfert de vapeur d’eau dans la paroi (perspirance) pour éviter la création de condensation dans la paroi (point de rosée). Des outils comme UBAKUS permettent de vérifier que la solution proposée ne génère pas de risque de condensation dans la paroi rénovée. L’adaptation de l’isolant au support est alors capitale pour ne pas induire des pathologies. De manière générale, dans le bâti ancien (pierre, pisé, …), il est fortement recommandé de recourir à des isolants non minéraux.

Pour garantir la durabilité des solutions que vous pouvez proposer à un client, CAP RENOV+ vous propose uniquement des isolants compatibles avec le gros œuvre existant.

Graphique simulation UBAKUS pour une paroi sans condensation

Exemple de simulation hygrothermique dans un mur isolé par l’intérieur avec UBAKUS.

Sur le graphique, la courbe noire représente la température à l’intérieur de la paroi, et la courbe bleue représente la température de saturation de l’air. Si les courbes se croisent, il y a un risque de condensation. Dans le cas ci-dessus, les courbes ne se croisent pas donc il n’y a pas de risque de dégradation de l’isolation.

# Adaptation à l’occupation du bâtiment

Selon la technique utilisée, un chantier d’isolation peut être relativement discret pour les occupants pendant la phase de travaux (Isolation Thermique par l’Extérieur des murs par exemple), ou alors rendre complètement inhabitables les pièces en travaux (isolation des rampants en sous face par exemple).

Les contraintes des occupants pendant la phase des travaux est un point déterminant pour aiguiller vers une solution acceptable. De même, une rénovation énergétique est quasi systématiquement associée à une rénovation esthétique ou non-énergétique (refaire une pièce, mise aux normes de l’électricité, ravalement de façade…). Ces projets sont aussi des moyens de sélectionner la solution technique le mieux adaptée à la situation, avec une vision globale des objectifs des occupants du logement.

vignette avec impact des travaux sur la vie quotidienne

Dans la section « contexte client » de CAP RENOV+, vous pouvez indiquer si le logement sera occupé ou non pendant les travaux.

# Le confort thermique (hiver et été)

Le but de l’isolation est de réduire les déperditions et aussi d’améliorer le confort des occupants. L’amélioration des performances thermiques permet de réduire l’écart de température entre les parois et le corps humain. La sensation de confort est alors plus agréable. L’isolation permet donc théoriquement de réduire les consignes de chauffage, car pour une même température de l’air les occupant se sentiront mieux chez eux.

Le choix du type d’isolant intervient aussi fortement dans le confort d’été car il modifie le temps mis par l’onde de chaleur pour traverser la paroi (phénomène appelé « déphasage »). La position de l’isolant jour un rôle capital dans l’inertie de la paroi. Une forte inertie permet de garantir un bon niveau de confort d’été sans avoir recours à une climatisation. Autrement dit, l’isolation la plus efficace pour le confort d’été est une couche d’isolant à fort déphasage (laine de bois par exemple) positionnée sur la face externe de la paroi. Associée à une surventilation la nuit pour abaisser naturellement la température intérieure, une isolation par l’extérieur est un moyen de se prémunir de fortes surchauffes en été.

# Les ponts thermiques

Une stratégie d’isolation efficace doit traiter les ponts thermiques en assurant la continuité des isolants.

Pour traiter correctement les ponts thermiques, il est important de bien phaser les lots d’isolation pendant les travaux. Par exemple, le traitement des ponts thermiques liés aux ouvertures, ainsi que l’isolation des tableaux, appuis et linteaux, se règle bien en accordant l’isolation des murs avec le changement des menuiseries.

Certaines configurations, comme la rencontre d’un mur isolé par l’intérieur avec un mur isolé par l’extérieur, ne permet pas d’assurer une continuité de l’isolation. Dans ce cas, il est nécessaire de prévoir des retours d’isolant intérieur pour limiter les ponts thermiques. Le retour d’isolant doit être au minimum de 2 fois l’épaisseur du gros œuvre. Par exemple, pour un mur en pierre de 50cm, il faudra un retour d’isolant d’au moins 1m pour réduire significativement le pont thermique.

Les ponts thermiques sont sources de dépenses d’énergie, d’inconfort des occupants, mais aussi de condensation, moisissures et autres désordres.

Exemple d'une thermographie infrarouge d'une maison isolée par l'intérieur

Thermographie infrarouge d’un mur isolé par l’intérieur.

Les bandes en bleu clair correspondent au mur de refend et au plancher intermédiaire.

# Contraintes économiques et aides financières

La contrainte budgétaire est bien évidement un aspect central dans la définition du projet de travaux, d’autant plus que la rénovation énergétique est souvent accompagnée de travaux « esthétiques » ou non énergétiques.

Avec CAP RENOV+, vous pouvez proposer rapidement plusieurs scénarios de travaux pour aider vos clients à faire les bons compromis.

Les aides financières et subventions permettent d’inciter à la rénovation en allégeant les coûts des travaux, à la condition que les coûts de travaux ne subissent pas d’inflation induite par ces dispositifs fiscaux.

Il existe de très nombreuses aides, nationales mais aussi locales. Elles sont référencées dans l’annuaire anonyme et gratuit www.aidesauxtravaux.fr

Recherche des aides aux travaux disponibles autour de chez vous

Certaines aides encouragent la réalisation d’une rénovation performante en exigeant par exemple des économies d’énergie au moins 35%. Ce genre de rénovation qui nécessite d’agir sur plusieurs postes permet d’optimiser les coûts par des effets d’échelle et de mutualisation des moyens (sécurité, échafaudages, …).

CAP RENOV+ vous permet d’estimer le % d’économie d’énergie d’un scénario de rénovation et inclus l’estimation des aides financières compatibles avec le projet.

# Les principaux axes d’une stratégie d’isolation

La définition d’une stratégie d’isolation d’un logement existant est bien souvent le résultat d’un compromis entre les différentes contraintes que nous venons d’évoquer. Les choix peuvent donc prendre différentes directions mais le plus important est de toujours répondre aux attentes des occupants. En effet, un même logement avec ses contraintes techniques, occupé par deux ménages aux modes de vie différent, produira des stratégies différentes. Les principaux axes pour définir la stratégie d’isolation sont :

  • L’occupation du site pendant les travaux est un point central dans les choix techniques retenus et sert de fil conducteur au projet. Si le site est occupé, les solutions d’isolation par l’extérieur seront naturellement moins impactantes que des solutions d’isolation par l’intérieur.
  • Des solutions compatibles avec le support pour ne pas engendrer de désordre dans le logement comme nous l’avons vu précédemment. Cela permet aussi de limiter les remontées capillaires.
  • Les contraintes économiques, ne permettant généralement pas de réaliser une isolation complète et performante en une seule étape de travaux. Le phasage des travaux en respectant les interactions entre les lots est la partie la plus délicate dans la constitution d’un programme de travaux. Le but global est d’isoler le logement avec un niveau de performance équivalent à une construction neuve. Les solutions d’isolation paroi par paroi doivent donc être « compatibles BBC » et s’interfacer entre elles pour respecter une mise en œuvre assurant la continuité des isolants et d’optimiser l’étanchéité à l’air.

Lorsque la stratégie globale est définie, CAP RENOV+ permet de tester les impacts énergétiques de différents scénarios pour valider les performances énergétiques du logement rénové.

En revanche, CAP RENOV+ n’intègre pas les interactions avec les lots non énergétiques (nécessité de rénovation d’un réseau électrique par exemple) qui peuvent peser dans les choix retenus. La ventilation est l’une des questions à prendre en compte très à l’amont dans le projet pour pouvoir assurer un renouvellement de l’air efficace et gérer le passage des gaines avec les solutions d’isolation retenues.

Des outils complémentaires peuvent également aider à la définition de bouquets de travaux compatibles BBC. C’est le cas des Solutions Techniques de Référence (STR), établies par le bureau d’étude Enertech. Cette démarche est opérationnelle et portée par DORéMI.

# La stratégie d’isolation, entre choix techniques et écoute client

Les outils de simulations se focalisent généralement sur les performances thermiques du logement existant dans les propositions de travaux. Cette approche permet de rapidement évaluer les gains énergétiques et économiques, comme CAP RENOV+ le propose à travers des résultats en temps réel. Cependant cette approche intègre peu ou pas les interactions entre lots de travaux et les adéquations avec les supports existants. Définir une stratégie d’isolation est donc crucial pour utiliser de manière optimale les outils de simulation, en remettant l’occupant du logement au cœur des préconisations de travaux d’isolation. Suivre ce cap permet aussi de ne pas tomber dans le piège de ne faire que les lots « faciles » et « pas cher » et d’abandonner les lots les plus lourds qui seront alors très dur à financer individuellement.

La notion d’amélioration du service énergétique rendu par le logement permet de guider les choix et les solutions techniques proposer reflètent les compromis entre l’optimum énergétique et les contraintes réelles du projet.

Exemple de simulation mettant en oeuvre une bonne stratégie d'isolation :

Exemple de simulation CAP RENOV+

Pour ouvrir cette simulation, téléchargez le fichier, ouvrez CAP RENOV+, allez dans “mes simulations” puis cliquez sur “importer une simulation” et sélectionnez le fichier que vous avez téléchargé.

Exemple de rapport PDF

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